Réflexions du Président sur le Brexit

May 20, 2016

Commentaire Brexit

Les temps ont changé et il faut penser et agir autrement qu’il y a 70 ans si nous voulons éviter de sombrer dans un nouveau moyen-âge, un nouveau morcellement, le « chacun pour soi » qui nous a conduit si souvent dans le passé à nous affronter militairement, détruisant les peuples, leur patrimoine, l’espoir, la confiance, durablement. Ce risque devient de plus en plus réel, au fil des dernières élections dans les pays européens. Il faut donc pouvoir faire preuve d’imagination, de solidarité, d’empathie pendant cette période de transition dangereuse, au-delà des limites de nos frontières nationales.

Ce défi ne peut à mon sens qu’être relevé au niveau d’un groupe de pays européens (les fondateurs et quelques autres peut-être), qui ne se sont pas rapprochés au milieu du siècle dernier en se posant la question du « what’s in for me » tout de suite, mais qui ont rêvé d’un avenir meilleur, à construire ensemble. C’est par une plus grande autonomie des entités locales sur les thèmes du vivre ensemble sur nos territoires (plus de « région »)  et parallèlement par une plus grande concertation et action commune sur les sujets de grande ampleur –  monnaie (et les corollaires économiques et fiscaux), politique sociale,  défense, diplomatie (plus « d’Europe ») – que nous devons passer pour recréer du lien entre le citoyen et l’Europe (et donc mois « d’Etat Nation »). L’Union Européenne doit de toute urgence devenir autre chose qu’une mutualisation d’argent, qu’un club ou tout le monde choisit ce qui lui convient et se désolidarise des défis globaux au profit d’égoïsmes locaux et nationaux.

Or si les membres fondateurs ont montré qu’ils avaient été capables de mettre leurs égoïsmes de côté pour construire ensemble un nouvel avenir, les gouvernements britanniques successifs n’ont jamais voulu contribuer un tant soit peu dans cette direction ; seule la dimension strictement économique à court terme de l’Union Européenne les a motivés. Cette attitude de « cherry picking » a inspiré les politiciens de la plupart des autres « nouveaux » pays membres à en faire autant. Un grand marché c’est tout ce qu’ils recherchent.

Cela est légitime bien sûr ; mais il est du devoir historique des peuples et des gouvernements des pays qui voient leur avenir autrement, de le faire sans se laisser  bloquer par ceux qui n’en veulent pas ! Puisque le modèle d’une Europe à plusieurs vitesses n’a pas pu s’imposer, c’est par une recomposition des priorités qu’il va falloir passer. Et le départ du Royaume-Uni va inciter tous les membres à se poser la question de ce qu’ils veulent faire ensemble et ce qu’ils veulent faire tous seuls.

C’est l’immobilisme européen causé par des attentes différentes qui fait le nid des extrémismes, pas la construction d’une Europe dynamique et visionnaire !

Pour conclure, vous savez le respect que je porte aux citoyens du pays qui a été le berceau de la recherche scientifique dès le 17

ème

siècle, le moteur de la découverte du monde, ces hommes et ces femmes qui ont inventé le tennis, le cricket, le rugby et la franc-maçonnerie. Ces britanniques qui se sont sacrifiés pour libérer l’Europe du joug de l’obscurantisme au milieu du siècle dernier.  Et nous avons tous profité de tout cela alors que l’Union Européenne n’existait pas encore.  Et cela va continuer à n’en pas douter.

Le départ de britanniques permettra de remettre l’Europe en ordre de marche, et de cela aussi je leur en serai reconnaissant.


Olivier Brissaud



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